Des fics, des séries
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 [The Tudors] Doute

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MessageSujet: [The Tudors] Doute   [The Tudors] Doute Icon_minitimeLun 29 Juin - 2:36

Fanfiction traduite, elle ne m’appartient pas et le mérite ne me revient en aucun cas...

Titre: Doute
Auteur: ReganX
Traductrice: Aurélie (a.a.k)
Estimation: PG-13/15
Résumé: Anne Boleyn a été reconnue coupable de trahison. Le roi Henry VIII, son mari depuis presque trois ans, croit que c’est vrai jusqu’à ce qu’il entende quelque chose qui le prive de sa certitude. S’il doit signer son arrêt de mort, il ne peut pas se permettre de douter de sa culpabilité, mais il ne peut s’en empêcher.
Dénégation: Je ne suis pas propriétaire des droits de ‘The Tudors’ et je ne suis responsable de la création d’aucun des personnages qui apparaissent dans la série.
Note de l’Auteur I: Cette histoire est, avant toute chose, un travail de fan fiction, dans le sens où elle est principalement basée sur les personnages et évènements de la série, plutôt que sur les personnages et évènements historiques qui l’ont inspirée. Cela concerne des choses comme l’âge et l’apparence des personnages, la séquence des évènements, etc. Je suis le ‘canon’ de la série au lieu de la vraie vie.
Note de l’Auteur II: Cette histoire se situe vers la fin de l’épisode 2.09.

***

Chapitre Premier

15 Mai 1536


Sa condamnation avait été sans surprise.

D’une certaine façon, le procès d’Anne n’était pas beaucoup plus qu’une formalité. Smeaton et Brereton avaient confessé leurs crimes et Norris avait été reconnu coupable lors de son procès. Si ces trois hommes étaient coupables, alors Anne, leur partenaire de crime, ne pouvait pas être innocente. En tant que Reine d’Angleterre, et paire du royaume de son propre droit, elle avait eu le droit, comme son frère, d’être jugée par un jury de paires camarades au lieu d’un tribunal ordinaire comme les autres. Mais il aurait été absurde de la part de ces paires de l’acquitter des charges retenues contre elle.

Avec George Boleyn, il y avait eu une chance. C’était le frère d’Anne, dévoué à sa soeur et affectueux envers elle, ce qui était assez naturel, et inoffensif. Henry n’avait pas voulu croire que le jeune homme, qu’il avait passablement commencé à affectionner ces dernières années et qui avait été un bon compagnon pour lui, pouvait avoir commis un tel crime infâme et contre nature. Pas plus qu’il n’avait voulu croire qu’Anne, la femme avec qui il avait vécu comme mari et femme pendant trois ans, était tellement dépravée qu’elle serait capable de séduire son propre frère pour du plaisir charnel ou dans l’espoir qu’il engendre un fils en elle, un enfant bâtard qu’Henry croirait être son fils, ne songeant jamais à être suspicieux si le garçon avait une forte ressemblance avec son oncle. Il y avait eu une possibilité pour que George soit innocent mais les éléments de preuve contre lui avaient clairement été convaincants pour les vingt-six compères du jury qui l’avaient déclaré coupable à l’unanimité, après n’avoir passé qu’un petit moment à délibérer sur la preuve et les témoignages de témoins leur ayant été présentés.

Révolté par la pensée que son beau-frère ait été l’amant de sa femme, qu’ils aient peut-être même partagé le lit dans lequel il couchait lui-même avec elle, Henry avait pu signer l’arrêt de mort de George sans hésitation, apposant son nom au document rédigé pour lui par l’un des greffiers de Cromwell et autorisant le Gendarme de la Tour à s’arranger pour que George Boleyn, Vicomte de Rochford, soit exécuté par pendaison, noyade et écartèlement ou par décapitation, selon le plaisir du Roi.

Il déciderait plus tard s’il allait être miséricordieux en accordant au jeune homme la mort la plus rapide, digne et sans douleur, une miséricorde réservée aux traîtres de haute naissance, peu importe la sévérité de leurs crimes, ou s’il allait plutôt choisir qu’il endure la fin affreuse, sanglante et agonisante réservée aux traîtres de naissance modeste. Une méthode d’exécution désignée à la fois pour rendre les derniers moments de la victime aussi terribles et douloureux que possible, et faire un exemple à ceux qui étaient témoins de l’exécution, comme un avertissement pour toute autre personne envisageant de commettre un crime. Il devrait aussi décider s’il allait consentir à George la dignité d’une exécution relativement privée dans l’enceinte de la Tour, avec un nombre limité de personnes présentes, ou s’il allait ordonner que sa fin soit publique à Tyburn.

Après avoir saupoudrer le premier arrêt de mort de sable pour sécher l’encre de sa signature, il le mit de côté et souleva le second arrêt de mort, posé sur le bureau devant lui. Il plongea sa plume dans l’encre, essuyant rapidement l’excès pour que sa signature ne soit ni tâchée ni maculée et il la tint en équilibre au-dessus du parchemin, prêt à signer mais hésitant.

Deux mots.

C’était tout ce qu’on lui demandait.

Il n’avait qu’à écrire Henry Rex et il pourrait se laver les mains de toute cette affaire sordide, se laver les mains de cette putain. Une fois l’arrêt signé, il serait amené à Sir William Kingston, le Gendarme de la Tour, qui pourrait faire tous les arrangements nécessaires pour l’exécution et, avant la fin de la semaine, Anne Boleyn, la femme qu’il croyait autrefois être son épouse aimante et dévouée, la femme qui l’avait berné pendant si longtemps, serait morte et il serait un homme libre, libre d’avancer avec une nouvelle épouse, une femme qui était vraiment digne de lui.

Penser à Jane amena le fantôme d’un sourire sur ses lèvres. Elle était certainement un ange lui étant envoyé par Dieu, un signe que, dans ce monde corrompu et insaisissable, on pouvait encore trouver de la bonté et de la pureté, si on savait où regarder. Durant toutes ces années, il s’était ridiculisé à courir après Anne, tellement fou d’elle qu’il ne voyait pas qu’elle le conduisait dans une danse joyeuse par ambition, et durant tout ce temps, ce dont il avait envie – ce dont il avait besoin – avait été caché dans l’obscurité de la campagne, à Wolf Hall, où une jeune fille vertueuse et non encore touchée l’attendait.

Si seulement il avait pu voir Jane en premier!

Comme sa vie aurait pu être plus plaisante s’il avait fait d’elle sa femme.

C’était étrange, presque effrayant, de penser que si Brandon et lui n’étaient pas partis si loin, s’il n’avait pas eu l’impression de ne pas supporter de retourner déjà au palais, comme s’il n’avait pas pu supporter de voir Anne, et s’ils n’avaient pas eu besoin de rechercher l’hospitalité de Wolf Hall et Sir John Seymour cette nuit-là, il n’aurait peut-être jamais rencontré Jane, n’aurait peut-être jamais su qu’une telle douceur, bonté et pureté pouvaient exister.

Dieu avait certainement guider leurs chevaux ce jour-là, les poussant à s’éloigner de plus en plus de Londres alors qu’ils chevauchaient, menant Henry vers la femme qu’IL voulait voir devenir la nouvelle Reine d’Angleterre, une femme qui était véritablement digne du rôle, une épouse convenable pour lui et une mère convenable pour les fils avec lesquels ils étaient certains d’être bénis aussitôt que leur union serait célébré.

Une fois l’arrêt signé, il ne faudrait qu’une question de jour avant qu’il puisse honorablement être avec sa douce Jane, avant qu’il puisse avoir tout ce qu’il désirait... alors pourquoi hésitait-il?

Pourquoi trouvait-il tellement difficile d’écrire deux petits mots, pour mettre fin à cette question une fois pour toute?

Etait-ce de la sorcellerie d’Anne? L’atteignait-elle avec d’obscurs pouvoirs, l’empêchant de briser la dernière chaîne qui le liait à elle, s’accrochant à lui avec les derniers vestiges de sa force et refusant de lui permettre de tourner la page sur elle? Non, ça ne pouvait pas être le cas. Anne était dans la Tour, derrière une porte verrouillée et sous haute garde, trop loin de lui pour que sa magie noire ait un effet sur lui.

Il était en sûreté mais ne pouvait toujours pas se résoudre à signer ce fichu papier.

Pourquoi?

Sans le vouloir, il reposa la plume, traçant les mots écrits sur le parchemin avec un doigt doux.

D’abord son nom; Anne, Rein d’Angleterre, quatre mots qui rendaient ce document unique. Aucune Reine d’Angleterre n’avait encore jamais été condamnée à mort par la loi. Ceux de sang royal avait déjà été assassiné, et sous le règne du père d’Henry, le jeune Comte de Warwick avait été exécuté pour trahison, bien que son seul vrai crime ait été le sang Plantagenet coulant dans ses veines. Mais les Rois et Reines étaient placés au-dessus de la loi, ils ne devaient pas y répondre comme les plus petits gens.

Même si Cranmer, encore maintenant, travaillait dur pour trouver des motifs pour que le mariage d’Henry et Anne soit déclaré invalide, comme Henry n’avait aucune intention de permettre à cette putain de quitter cette vie en portant le titre de son épouse ou en tant que Reine d’Angleterre, ou de permettre à sa fille de continuer d’être son héritière ou de se placer au-dessus des filles que Jane pourrait porter, après la mort de sa mère – et il pensait qu’une fois qu’elle lui aurait donné un Prince de Wales et un Duc de York, il aimerait une fille d’elle, une fille avec la beauté de sa mère et sa nature douce, gentille et obéissante – les deux titres étaient toujours à elle quand elle avait été amenée devant le tribunal et quand elle avait été condamnée à mort. Quelque chose qui avait apparemment causé un remous parmi la population, qui était à la fois émerveillé et troublé qu’une Reine ointe puisse être amenée au procès comme une criminelle ordinaire.

A l’indignation d’Henry, il y avait même des rumeurs disant que le procès d’Anne était injuste et qu’elle était déclarée coupable d’adultère non pas parce qu’elle était coupable mais parce qu’il s’était lassé d’elle et souhaitait la remplacer avec une autre femme. Son amour pour Jane n’avait rien à voir avec la condamnation d’Anne! Elle n’avait qu’elle et sa propre convoitise et malfaisance à blâmer pour sa chute; même s’il souhaitait être libre pour épouser Jane, il n’aurait jamais ordonné aux compères d’agir comme juges d’Anne pour la condamner injustement.

Il ôta les yeux des détails de l’offense pour laquelle elle était condamnée, regardant plutôt la sentence... à être brûlée ou décapitée selon le plaisir du Roi.

L’idée de la laisser brûler avait son charme. Après tout ce qu’elle lui avait fait, la pensée de la condamner à mourir par le feu, une mort qu’il savait être lente, agonisante et terrible, lui donna un frisson de plaisir sadique, content de penser qu’il pourrait peut-être lui faire ressentir le genre de douleur qu’elle lui avait infligé. Après les péchés qu’Anne avait commis dans la vie – et il était certain que ceux pour lesquels elle était condamnée n’étaient que quelques unes des offenses qu’elle avait commises; elle avait été condamnée pour adultère, accusée d’avoir imaginé sa mort mais ils n’avaient pas la preuve pour l’amener au tribunal et la condamner pour avoir empoisonné Katherine, ou pour avoir essayé de faire la même chose à Mary – il était convaincu qu’elle était destinée à l’Enfer dès que son âme quitterait son corps. Elle y passerait l’éternité dans les tourments du royaume ardent du Diable et il semblait adapté de lui donner un avant goût de ce qu’elle allait certainement endurer par après... mais il hésitait. Il n’arrivait pas à signer son nom.

Il pouvait être miséricordieux, se dit Henry. Le Christ lui-même était miséricordieux, même avec les pécheurs. Il y aurait assez de feu attendant Anne une fois qu’elle serait morte; il n’était donc pas obligé d’être cruel avant, il pouvait lui accorder la mort la plus rapide, par décapitation. Il pourrait même faire venir le bourreau de Calais, un sabreur adroit qui lui garantirait la mort la moins douloureuse.

A sa consternation, même sa concession ne voulait pas lui permettre de soulever la plume à nouveau et de signer son nom dessus. C’était comme si une main invisible l’en empêchait.

De son propre chef, le souvenir de la dernière fois qu’il avait vu Anne lui vint à l’esprit.
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MessageSujet: Re: [The Tudors] Doute   [The Tudors] Doute Icon_minitimeLun 29 Juin - 2:36

Le bord de la robe d’Anne était boueux.

Il semblait étrange que ce soit la première chose chez elle qui ait attiré son attention. Anne était toujours si soigneuse – si vaniteuse – avec son apparence, jamais rien si ce n’était coiffée de façon immaculé et vêtue avec la dernière et plus exquise mode Française. Mais aujourd’hui, la traîne de sa robe brochée et vert clair, presque blanche, traînait dans la boue et des mèches de ses cheveux s’échappaient du simple chignon dans lequel elles avaient été épinglées alors qu’elle le suivait.

Elle portait Elizabeth dans ses bras, luttant pour gérer à la fois le poids du bambin, qui avait énormément grandi durant cette année, d’un bébé en une petite fille jolie et clairement intelligente, et la traîne lourde de sa propre robe, avant d’abandonner la dernière et de se concentrer pour garder une prise sûre sur l’enfant qu’elle portait. Leur fille avait peur, il pouvait le voir sur l’expression de son visage. Elle était déroutée et effrayée par ce qu’il se passait. Anne avait sans aucun doute sorti l’enfant de la nurserie, espérant l’utiliser… utiliser son amour pour leur fille pour atténuer sa colère envers elle, comme si elle pensait que son amour pour leur enfant – si Elizabeth était bien son enfant! – pourrait le pousser à oublier ce qu’il avait entendu et prétendre que tout allait bien, dans son intérêt.

“Henry!” Sa voix avait un côté désespéré, quelque chose qu’il n’avait jamais encore entendu chez elle. Elle avait toujours été si confiante, affrontant les déboires sans permettre à qui que ce soit de voir ses peurs. Mais maintenant qu’elle se savait prise au piège, exposée comme la putain et la traîtresse qu’elle était, son courage et sa dignité l’avaient désertée et elle en était réduite à la supplication et le désespoir.

Il se détourna d’elle. Il ne voulait pas la voir, pas maintenant, pas quand il connaissait la vérité sur elle. Elle le suivit, courant presque alors qu’elle essayait de rester à sa hauteur, gênée à la fois par les jupes encombrantes de sa robe et le poids d’Elizabeth dans ses bras.

“Je vous en prie! Henry, je vous en prie! Pour l’amour que vous portez à notre enfant – pour l’amour d’Elizabeth! Ayez pitié!”

Il ne se retourna pas, craignant à moitié que, s’il le faisait, s’il regardait son visage, il puisse la frapper, l’étrangler avec ses propres mains ou prendre son poignard et le lui plonger dans le coeur, devant les yeux de leur petite fille. Il avait entièrement l’intention de l’ignorer, de s’éloigner et de ne jamais se retourner mais il ne pu s’empêcher de répondre, de s’autoriser à donner au ton de sa voix un peu de la colère et de la trahison qu’il ressentait. “Vous m’avez menti! Vous m’avez toujours menti!”

“Non!”

Malgré sa résolution à ne pas la regarder, il se retourna, pointant un doigt accusateur vers son visage. “Vous n’étiez pas vierge quand vous m’avez épousé! Vous n’étiez pas ce que vous sembliez être! Votre père et votre frère ont tout arrangé!” Il avait presque pensé qu’il pouvait lui pardonner d’avoir menti sur sa virginité, même s’il brûlait d’embarras en pensant qu’il avait dû avoir l’air bête quand il refusait de croire quiconque, y compris Brandon, osant suggérer que la femme qu’il prévoyait faire sa nouvelle épouse et la prochaine Reine d’Angleterre n’était pas la jeune fille non encore touchée qu’elle clamait être. Il aurait peut-être pu accepter que c’était un mensonge naturel à dire pour une fille non mariée, particulièrement une fille dont la soeur aînée avait la réputation que Mary Boleyn s’était faite, et qu’il aurait été difficile pour Anne d’admettre plus tard qu’elle avait menti, mais il ne pourrait jamais lui pardonner le fait que leur relation ait été un mensonge. Un mensonge auquel elle avait participé à cause de la pression de ses proches masculins, qui avaient espéré profiter de la connexion, et non parce qu’elle nourrissait une quelconque affection pour lui en tant qu’homme.

Comme ils avaient dû se moquer de lui entre eux, chaque fois qu’il épanchait son coeur dans une lettre et à chaque fois qu’il pressait un présent sur elle, la suppliant de l’accepter pour lui!

“Non!” nia véhémentement Anne, se précipitant derrière lui quand il se tourna pour partir. “Je vous aimais.” Elle accéléra le pas, se hâtant pour se tenir devant lui, pour le forcer à la regarder alors qu’elle l’implorait. “Je vous aimais. Et je vous aime encore.”

Il la crut presque. Une partie de lui voulait la croire. Une partie de lui voulait se permettre le confort d’accepter ses mots comme vrais et d’ignorer tout ce qu’on lui avait dit, voulait la prendre dans ses bras et l’embrasser, s’excuser d’avoir douter d’elle et lui promettre que tout irait bien maintenant, de prétendre que rien de tout ça ne s’était produit mais il ne le ferait pas – il ne pouvait pas – il ne se permettrait pas de faire ça, pas maintenant. Il en savait trop pour que les choses puissent redevenir ce qu’elles étaient.

Les doigts d’Anne s’accrochèrent désespérément à la fourrure de son manteau alors qu’elle continuait de l’implorer. “Pitié, après tout ce que nous représentions l’un pour l’autre, après tout ce que nous étions, pitié.” Il essaya de la contourner mais elle n’était pas prête de le laisser passer. Elle grimpa une petite volée de marches en pierre, resserrant sa prise sur Elizabeth tandis qu’elle faisait son dernier appel. “Une dernière chance. Une dernière.” Ses yeux bleus étaient écarquillés et sincères, comme pour le pousser à croire qu’elle pouvait lui donner l’héritier mâle qu’il désirait si seulement il lui donnait une autre chance.

Il n’arrivait pas à y croire. Elle pensait qu’il était question d’un fils? Elle pensait que, après tout ce qui s’était passé, elle pouvait encore sauver sa peau si elle lui donnait un fils? Elle pensait qu’il accepterait de lui donner une chance, qu’elle pourrait le tenter avec la perspective d’un fils, qu’il était assez stupide pour lui faire confiance et qu’il était assez désespéré d’avoir un héritier mâle qu’il accepterait aveuglément le garçon qu’elle porterait – si elle était même capable d’en porter un! – et qu’il ferait de lui le Prince de Wales, même si, pour tout ce qu’il en savait, le moutard serait peut-être celui de Smeaton ou Brereton ou Norris ou même un bâtard incestueux né d’un accouplement profane entre frère et soeur?

Si la stérilité était le seul crime qu’elle ait commis contre lui, il aurait peut-être pu lui donner la chance qu’elle implorait; il y avait moins de trois ans depuis la naissance d’Elizabeth, après tout, et Anne était encore jeune, assez jeune pour pouvoir porter beaucoup d’autres enfants. Donc, il aurait peut-être pu lui autoriser une année pour essayer à nouveau, mais pas plus que ça, comme il ne se rajeunissait pas lui-même et ne pouvait pas se permettre d’attendre son fils plus longtemps.

Si la stérilité était le seul crime qu’elle ait commis contre lui, il se serait assuré qu’on prenne soin d’elle après l’annulation de leur mariage, certainement mieux que de Katherine. Elle aurait pu continuer de jouir de son titre de Marquise de Pembroke et des revenus des terres qu’il lui avait accordées avec ce titre, lui permettant de jouir d’une retraite digne et confortable en Angleterre ou, si elle préférait, à l’étranger. Elle avait toujours eu de l’affection pour la France et le Roi Francis était sûr de l’accueillir dans son pays et sa cour.

Mais la stérilité n’était pas son seul crime. Les crimes d’Anne n’étaient pas des crimes qui pouvaient être ignorés.

C’était une traîtresse et pour les traîtres, il n’y avait qu’un châtiment juste.

Il n’allait plus écouter! Il la poussa brusquement pour la dépasser, ne se souciant pas de la faire tomber à terre, ou non, alors qu’il s’éloignait d’elle, ignorant le désespoir dans sa voix tandis qu’elle l’appelait, encore et encore.

“Henry! Votre Majesté! Votre Majesté, je vous en supplie!”

Il ne se retourna pas.


Il devait s’éloigner du palais, des courtisans qui marchaient autour de lui avec tellement de prudence, tellement incertains de son humeur après tout ce qui s’était passé. Comme s’ils avaient peur qu’il puisse se retourner contre eux à tout moment. Ce n’était pas surprenant qu’il ait autant de difficulté à signer l’arrêt de mort d’Anne ici, dans le palais qui avait été leur maison une fois qu’ils avaient été mariés et où il l’avait courtisée pendant des années avant ça, où il l’avait honorée et célébrée comme une Reine bien avant que le titre ne lui revienne.

Il y avait trop de souvenirs ici, souvenirs desquels il avait besoin de s’éloigner, au moins pendant un moment.

Il avait besoin de Jane.

Après quelques heures de sa présence apaisante et purifiante, il pourrait se libérer des derniers vestiges de l’emprise d’Anne sur lui, ensuite il pourrait revenir et il serait capable de signer.
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MessageSujet: Re: [The Tudors] Doute   [The Tudors] Doute Icon_minitimeLun 29 Juin - 2:37

***

Habituellement, quand Henry sortait à cheval, il était accompagné des valets pour le soigner et de soldats pour le protéger durant son voyage, avec un homme chevauchant un peu en avant du groupe, portant la bannière royale pour que tout le monde sache que le Roi approchait et qu’ils devaient lui faire de la place, dégageant les routes pour que son voyage ne soit pas retardé, même d’un seul instant. S’il voyageait pour rendre visite à l’un de ses seigneurs, peu importe qu’il prévoyait de rester quelques heures ou s’il était en cheminement et avait l’intention de rester longtemps, alors un messager était habituellement envoyé devant, avertissant de son arrivée afin que son hôte puisse faire des préparations pour le recevoir avec le style que sa dignité royale exigeait, s’assurant qu’aucun de ses seigneurs ne soient pris par surprise et doivent affronter l’embarras de n’être pas préparé de façon adéquate pour une visite royale.

Aujourd’hui, cependant, il ne chevauchait pas en tant que Roi.

Aujourd’hui, il était simplement un amoureux, un prétendant cherchant la main d’une vierge et c’était comme ça qu’il allait voyager jusqu’à Wolf Hall, accompagné de seulement deux valets, vêtus sobrement, sans la bannière royale et sans avoir envoyé un messager devant. Il allait arriver sans prévenir, surprenant sa Jane, qui ne s’attendrait certainement pas à le voir et qui serait sûrement ravie et honorée qu’il ait tout abandonné pour faire le voyage jusqu’à la maison de sa famille pour la voir, flattée de savoir qu’il tenait tellement à elle qu’il était prêt à laisser les soins de diriger l’Angleterre derrière lui pour pouvoir passer quelques heures en sa compagnie.

Il serait doux et rafraîchissant de voir sa joie sincère devant sa présence, et la timidité convenable avec laquelle elle recevait ses attentions, comme il convenait à une jeune dame pudique de naissance modeste. Quand il était avec Jane, il avait toujours l’impression qu’elle était émerveillée qu’il envisage même de la regarder, comme si elle n’était réellement pas consciente de ses charmes. Bien que Jane était une femme magnifique, pâle et dorée là où Anne était sombre et énigmatique, Henry avait l’impression que ses autres qualités, sa nature douce, soumise, et sa pure modestie, étaient ce qu’il aimait le plus chez elle.

Il regrettait profondément de ne pas pouvoir l’avoir avec lui à la cour, au moins pour le moment, et sa compagnie lui manquait terriblement mais il savait que leur séparation était inévitable, la meilleure chose pour tout le monde. Même s’il savait que son amour pour Jane n’avait rien à voir avec ce qu’il se passait maintenant avec Anne, il devait reconnaître que beaucoup penserait autrement s’il était vu avec Jane pendant que l’enquête et les procès étaient en cours – comme s’ils pouvaient vraiment croire que, s’il n’avait jamais rencontré Jane, il aurait été prêt à fermer les yeux sur tout ce qu’il avait appris des crimes d’Anne et qu’il lui aurait permis de continuer de jouir des honneurs et privilèges d’une Reine, alors qu’elle entassait des cornes de cocu sur sa tête! – et il savait qu’il devait s’assurer que la réputation de Jane ne soit pas souillée par ce qu’il se passait, même si cela voulait dire être privé de sa compagnie.

Jane n’avait exprimé aucune protestation quand il l’avait envoyée au loin, ni même demandé de lui dire pourquoi il souhaitait qu’elle parte, et si vite après qu’il l’ait suppliée de le laisser la servir et l’adorer. Elle lui avait obéi sans une question ni un murmure, une qualité excellente pour une épouse et quelque chose qui faisait d’elle un véritable contraste à la fois par rapport à Katherine, qui avait refusé de reconnaître l’invalidité de leur mariage et insisté pour nier la justice par fierté tenace, et par rapport à Anne, qui semblait à peine comprendre la compréhension du mot ‘obéissance’, encore moins être capable d’exercer cette qualité à n’importe quel degré.

Cela serait un changement très plaisant d’avoir une dame comme elle pour épouse.

Alors qu’il chevauchait vers Wolf Hall, il avait l’impression d’essayer d’échapper aux fantômes de son passé, essayer de ne pas faire des parallèles entre cette chevauchée et celle qu’il avait faite plusieurs années auparavant, jusqu’à Hever Castle, pour rendre visite à une autre dame, un fille qui avait tellement capturé son attention qu’il avait eu l’impression qu’il deviendrait fou s’il ne pouvait la posséder. Il avait eu d’autres femmes avant ça, mais aucune d’elle ne lui avait fait ressentir ce qu’elle lui faisait ressentir. Elle l’avait repoussé au début, clamant qu’elle ne pouvait pas devenir sa maîtresse puisqu’elle avait déjà juré de préserver sa virginité pour son futur mari, qui que cela puisse être, mais même lorsqu’elle avait cédé, même lorsqu’il l’avait tenue dans ses bras, sachant qu’elle était consentante et qu’il pourrait la prendre s’il le voulait, quelque chose l’avait stoppé, quelque chose l’avait poussé à aller plus loin, à lui demander d’être son épouse plutôt que sa maîtresse officielle, et puis à s’engager à honorer sa virginité jusqu’au jour de leur mariage.

Quel pouvoir Anne avait-elle eu sur lui qui l’avait poussé à prendre une telle mesure, surtout alors qu’il savait comme le peuple serait scandalisé d’apprendre qu’il projetait de remplacer Katherine, une Princesse d’Espagne, avec Anne, la fille d’un vicomte; était-ce le pouvoir ordinaire qu’une femme magnifique et captivante avait sur un homme, ou y avait-il quelque chose de plus, quelque chose d’anormal?
Pourquoi ne pouvait-il pas s’empêcher de penser à Anne, alors même qu’il était en chemin pour voir Jane – la femme qu’il aimait réellement?

Serait-il jamais libéré d’elle?

Il éperonna son cheval, le faisant prendre le galop, essayant à la fois de mettre le plus de distance possible entre lui et Anne et de se rapprocher de Jane à chaque foulée.

Il aurait dû lui amener un cadeau.

Il ne venait pas à Wolf Hall comme Roi d’Angleterre, il venait comme prétendant à la main de Jane et un prétendant se devait d’amener un gage de son amour quand il venait courtiser une dame... mais d’un autre côté, Jane n’avait jamais été avide de ses cadeaux. Elle avait refusé la bourse des souverains qu’il lui avait envoyée aussitôt que Brandon lui avait posé dans les mains, lorsqu’il lui avait expliqué l’origine des cadeaux, et elle s’était comportée avec de la modestie bienséante, ne souhaitant pas compromettre son honneur en acceptant un tel cadeau de n’importe quel homme, même le Roi, alors qu’elle était une vierge célibataire. Le médaillon qu’il lui avait donné était une chose simple, et ça l’avait profondément touché quand elle avait promis de toujours le porter, sachant qu’elle l’appréciait pour le fait qu’il contenait son portrait, et non à cause de sa valeur matérielle. Il doutait que Jane ait remarqué ou se soit souciée que le médaillon ait été fait d’or, d’argent ou d’un métal de base. Elle n’avait regardé que son image au centre et c’était pour ça qu’elle le chérissait.

Anne lui avait envoyé un médaillon autrefois. Son premier présent pour lui était un médaillon en argent avec ses initiales à l’extérieur et un petit portrait d’elle à l’intérieur... dès que cette chose avec Anne serait finie, il ferait fondre le médaillon, et tous les portraits d’Anne seraient détruits.

Quand il épouserait Jane et l’amènerait vivre à la cour comme Reine, il ne permettrait pas que l’image d’Anne les regarde de haut, refusant de les laisser en paix, de les autoriser à enterrer les fantômes du passer et de tourner la page.

Une fois que tout serait fini, il ne voulait plus jamais entendre prononcé le nom d’Anne.

Alors qu’il chevauchait, un bosquet de fleurs sauvages poussant dans une bordure d’arbres attira son attention et il mit pied à terre, faisant signe aux valets de rester où ils étaient et refusant leurs offres d’assistance tandis qu’il s’agenouillait pour cueillir les plus jolies fleurs, songeant qu’un bouquet cueilli par ses mains serait un présent approprié pour un prétendant à son épouse projetée. Une fois les fleurs cueillies, il remonta sur son cheval pour continuer son voyage, supposant qu’il ne faudrait plus longtemps pour qu’il puisse retourner à la cour en compagnie de Jane.

La pensée de pouvoir amener Jane à la cour en tant qu’épouse, de pouvoir enfin donner à l’Angleterre une vraie Reine, amena un sourire sur son visage. Elle allait être une Reine que tout le pays serait fier d’avoir, contrairement à Anne, la Reine qu’il avait forcé sur le peuple, menaçant leur vie s’ils refusaient de l’accepter comme il le souhaitait... tuant même des hommes bons comme More dans son intérêt.

Avec Jane assise à côté de lui sur le trône, l’Empereur serait content de faire la paix avec lui, content de savoir que la femme qui avait pris la place de sa tante sur le trône n’était plus. Tant qu’Anne portait le titre de Reine et épouse, l’Empereur ne serait jamais content ou à l’aise avec une alliance avec l’Angleterre, une alliance qui nécessitait sa reconnaissance d’Anne mais maintenant qu’Anne n’était plus un problème, il serait ravi d’accepter la Reine Jane.

Avec Anne partie et Jane sur le trône, il était sûr que même Mary s’accorderait avec la façon dont les choses se présentaient à présent, surtout que Jane était tellement douce et gentille et souhaiterait sans aucun doute faire tout en son pouvoir pour que sa belle-fille se sente la bienvenue à la cour. Tant qu’Anne serait Reine, Mary n’accepterait jamais de répudier sa mère, de se reconnaître comme bâtarde et revenir à la cour où son ennemie régnait et, même si Anne était douée pour donner l’illusion de tenter de se réconcilier avec sa belle-fille – une illusion tellement convaincante qu’Henry lui-même s’était fait berner, faisant l’éloge d’Anne pour le fait qu’elle avait fait l’effort et blâmant Mary pour son refus d’obtempérer, se retournant contre sa fille car elle n’avait ni le bon sens ni la courtoisie d’accepter l’ouverture de sa belle-mère – il était sûr que c’était la dernière chose qu’elle avait vraiment voulu.

Quand elle avait offert de le réconcilier avec Mary en échange que celle-ci reconnaisse Anne comme Reine, elle avait su que c’était une offre que Mary n’aurait ni voulu ni pu accepter mais elle l’avait quand même narguée avec la perspective d’un retour à la cour, protégée par le savoir qu’on ne lui demanderait jamais de remplir sa part du marché, soit en termes de ramener Mary à la cour ou d’encourager Henry à penser à nouveau du bien de sa fille. Elle n’avait pas voulu encourager son amour pour sa fille et était ravie de voir Mary en dehors de ses bonnes grâces pour que son affection puisse être plutôt dirigée vers Elizabeth.

Anne avait toujours voulu voir Elizabeth honorée, montrer clairement qu’elle était la seule princesse légitime d’Angleterre et l’héritière du trône, ne soufflant pas un mot de protestation lorsqu’il avait décidé de faire de Mary l’une des domestiques de leur fille. Alors qu’elle devait savoir que, même si la position était honorable pour la fille d’un chevalier ou d’un seigneur, c’était extrêmement humiliant pour une fille ayant été élevée à croire qu’elle était une princesse et qui avait été honorée les quatorze premières années de sa vie, d’être obligée de prendre le rôle d’une servante.
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MessageSujet: Re: [The Tudors] Doute   [The Tudors] Doute Icon_minitimeLun 29 Juin - 2:38

Anne était tellement soucieuse du mariage d’Elizabeth, malgré le fait que leur fille n’était qu’un enfant de même pas encore trois ans, mais elle n’avait même jamais penser à se soucier des fiançailles de Mary, même si Mary était mariable depuis plusieurs années et même si, depuis la mort de Katherine, elle tenait la place de mère pour Mary et aurait dû se soucier d’elle et s’intéresser à son avenir. Elle n’avait jamais suggéré de candidats et ne l’avait même jamais encouragé à faire venir sa fille aînée à la cour, où elle aurait pu rencontrer des nobles ou des ambassadeurs éligibles qui auraient pu signaler la charmante fille en âge d’être mariée et de sang royal, même si c’était une bâtarde, aux Rois et princes cherchant des épouses convenables pour eux-mêmes ou leurs fils.

Il était sûr que Jane ne serait pas comme ça. Même après qu’ils aient eu des enfants à eux, elle n’oublierait pas ses belles-filles et continuerait de se soucier de leurs intérêts.

Mary était une fille obstinée, profondément loyale à sa mère et elle ne serait jamais prête à payer pour se refaire un chemin à la cour, ni même dans les bonnes grâces de son père, en permettant à Anne un nouveau triomphe. Mais cela serait différent lorsque Jane serait Reine, et lorsque que Mary n’aurait plus à voir l’enfant d’Anne honorée en tant que princesse tandis qu’elle était appelée bâtarde. Une fois que le mariage serait annulé, une fois que la Princesse Elizabeth deviendrait Lady Elizabeth, privée de la succession en tant que fille bâtarde d’une putain et adultère, il serait plus facile pour Mary de ravaler sa fierté et d’accepter l’ouverture que sa nouvelle belle-mère lui ferait sans aucun doute.

Quand Jane serait Reine, elle pourrait lui ramener sa fille.

Tandis qu’il chevauchait, il pouvait voir Wolf Hall dans son esprit, un sympathique manoir de campagne, simple comparé à ce dont Henry était habitué mais tout de même une maison chaleureuse et accueillante. Le genre de maison où il pouvait facilement s’imaginer sa Jane grandir, apprenant de sa mère les choses qu’une fille de sa classe devait savoir pour qu’elle puisse, un jour, pouvoir diriger son propre ménage, mais sans être ruinée par un excès d’éducation, comme Anne l’avait été. Cela faisait longtemps qu’il ne s’était aussi confortable qu’à Whitehall le soir où Brandon et lui avaient dîné avec Sir John, passant de longues heures à partager des cruches de son meilleur vin et à se souvenir des jours lointains, où ils chevauchaient tous les trois contre les Français. Il était si tard lorsqu’ils avaient eu fini qu’il avait été hors de question qu’ils retournent à la cour et Henry avait été ravi d’accepter la gracieuse invitation de son hôte de passer la nuit.

Peut-être que Jane pourrait amener un peu de la chaleur de Wolf Hall avec elle lorsqu’elle reviendrait à la cour, transformant le palais en une vraie maison pour eux.

Les jours devenaient de plus en plus longs mais, malgré cela, le soir était tombé lorsque Wolf Hall fut en vue et il poussa son cheval en avant, laissant ses valets suivre à une distance discrète. Il venait à peine d’entrer dans la cour lorsqu’il sauta légèrement du dos de son cheval, passant les rennes dans la main du domestique qui était apparu pour les accueillir et s’occuper d’eux, et se précipita vers la porte.

En règle générale, le Roi entrait par l’entrée principale, celle qui menait dans le Hall principal, où Sir John et sa famille attendaient de l’accueillir avec toute la formalité et déférence requises, mais ce n’était pas ce qu’Henry voulait aujourd’hui. Donc, il ignora l’expression faiblement horrifiée sur le visage du domestique qui ouvrit la porte latérale pour le faire entrer et déclina fermement l’offre à moitié désespérée de l’homme de le devancer pour annoncer son arrivée à Sir John. Henry le dépassa, faisant son chemin dans le couloir étroit qui l’éloignait des cuisines, du garde-manger, de la buanderie et de la blanchisserie, la partie de Wolf Hall qui était le domaine des domestiques, et qui menait aux pièces plus grandes et confortables où la famille Seymour vivait et recevait ses invités.

Quelques domestiques l’aperçurent alors qu’il traversait le manoir, le reconnaissant de sa récente visite et s’arrêtant net quand ils le voyaient, s’inclinant devant lui.

Il pouvait presque lire dans leurs pensées, voir la panique dans leurs yeux alors qu’ils se demandaient si leur maître était, ou non, conscient du fait que le Roi d’Angleterre était sous son toit à cet instant même, non accompagné. Mais Henry balaya de la main leurs offres hâtives d’aller trouver Sir John pour lui, les faisant taire avec un doigt sur ses lèvres et les avertissant sévèrement de ne souffler un mot à personne de sa visite.

Le bouquet qu’il portait s’était légèrement flétri depuis qu’il avait cueilli les fleurs mais il était encore joli, dégageant un parfum léger et délicat.

Quand il avait décidé de rendre une visite romantique surprise, sans cérémonie et sans envoyer un message d’avertissement au préalable, cela avait semblé être une bonne idée, à ce moment-là, une idée qui plairait et honorerait sa Jane. Mais maintenant qu’il était réellement à Wolf Hall, Henry réalisa qu’il avait négligé de réfléchir à un problème vital et pratique – comment allait-il trouver Jane sans demander à un domestique et sans l’alerter de sa présence?

Après tout, elle pouvait tout aussi bien passer la nuit loin de chez elle. Elle était tellement douce et aimante qu’il pouvait imaginer qu’elle avait de nombreuses amies qui ne seraient que ravies de l’avoir comme invitée pour la nuit, maintenant qu’elle était revenue de la cour, désireuses de passer autant de temps que possible avec elle avant qu’elle ne reparte, cette fois pour faire de Whitehall sa maison permanente. Peut-être qu’il avait fait tout ce chemin pour rien... non, pas pour rien, puisqu’il pourrait quand même parler avec Sir John, son vieil ami et les deux fils de son ami, qui étaient des jeunes hommes bien élevés. Mais il serait quand même décevant d’apprendre qu’après son voyage, Jane n’était pas là.

Bien que sa fierté se rétracta à l’idée de trouver un domestique pour lui demander assistance afin de localiser les Seymour, le questionner pour découvrir si, oui ou non, Jane était là en premier lieu, Henry était presque prêt à le faire lorsqu’il entendit le son de voix venant de derrière une lourde porte en bois, la porte du bureau de Sir John, s’il se souvenait correctement.

Il pu entendre Jane parler et un lent sourire commença à s’étendre sur son visage au son de la voix de sa bien-aimée... seulement pour commencer à s’effacer lorsqu’il entendit Sir John répondre.

“Je suis tellement fier de vous, mon enfant,” malgré la lourde porte, Henry pouvait facilement comprendre les mots de l’autre homme, de même que le ton de fierté paternelle insuffler dans sa voix. “J’ai toujours su qu’avec votre beauté et vos vertus, vous étiez sûre de bien faire, et qu’il serait assez facile pour moi de vous trouver un bon parti, même sans une dot élevée pour tenter un homme jusqu’à l’autel. Mais jamais, dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pu imaginer ceci! Il ne faudra plus longtemps avant que je vois ma Janey devenir la nouvelle Reine d’Angleterre!”

Il était assez naturel qu’il soit fier d’elle, se dit fermement Henry – il aurait été fier d’avoir une fille comme Jane – et il n’était pas surprenant que Sir John puisse prédire qu’il verrait bientôt sa fille assise sur le trône comme femme et épouse la plus chère du Roi. Henry n’avait peut-être pas encore indiquer ses intentions envers Jane, du moins pas ouvertement puisque cela ne serait pas convenable tant qu’Anne était en vie et s’appelait elle-même son épouse et Reine, mais seul un imbécile aurait manqué le fait qu’il favorisait Jane et qu’il attendait plus d’elle que de devenir simplement sa prochaine maîtresse. Une chose à laquelle, se disait-il, il n’aurait jamais donné son accord, même si elle avait été consentante, il ne l’aurait pas déshonorée comme ça. Et Sir John n’était pas un imbécile.

“Je n’ai jamais rêvé que cela puisse être possible!” dit Jane, légèrement essoufflée avec émerveillement, ses mots ramenant le sourire sur les lèvres d’Henry alors qu’il écoutait, ravi de la modestie de sa chérie et par le fait que, contrairement à Anne, elle n’avait jamais été ambitieuse pour son propre essor ni même celui de sa famille. Elle n’avait même jamais fait une allusion pour qu’il puisse peut-être faire quelque chose pour son père ou ses frères, profitant du fait que le Roi d’Angleterre l’aimait et ferait n’importe quoi pour lui faire plaisir. Il était certain qu’elle l’aurait aimé tout autant s’il avait été un humble palefrenier, ne pouvant lui offrir ni titre ni richesse. “Lorsque vous m’avez dit que je pourrais être Reine, après que le Roi ait demandé à me servir – je n’avais pas oser croire que vous puissiez avoir raison!”

Quoi? Henry était certain qu’il avait dû mal comprendre, se disant que Jane était simplement excitée par tout ce qui s’était passé ces deux dernières semaines et qu’elle était tellement impressionnée par la perspective de devenir son épouse qu’elle parlait follement.

“Je dois avouer que je n’en étais pas sûr moi-même, pas au début,” dit gaiement Sir John. Henry pouvait l’imaginer tapoter la main de sa fille, ou effleurer peut-être un baiser contre ses cheveux ou sa joue. “Cela ne m’a pas étonné que le Roi prenne goût à vous, mon enfant, mais, même si beaucoup de personnes souhaitaient voir la Reine Anne retirée et même si le Roi lui-même se lassait d’elle, elle ne pouvait pas être écartée, pas encore, surtout pas alors qu’elle était enceinte. C’est une miséricorde que le bébé ait été perdu, ou il aurait pu mettre un terme à tous nos espoirs.” Ajouta-t-il, son ton bien plus froid que d’habitude.

Malgré le fait qu’il était vrai qu’Anne et lui avaient eu des problèmes et qu’il ne l’aimait plus comme autrefois, Henry était tout de même mécontent d’entendre l’un de ses sujets, même quelqu’un qu’il aurait pu appeler ami, en parler aussi ouvertement. Son mariage était un sujet privé et s’il avait des problèmes, cela ne regardait personne d’autre que lui. Mais ce qui le mettait réellement en colère, c’était la façon dont Sir John parlait de la fausse couche d’Anne, l’insensibilité dans sa voix alors qu’il se référait au fils perdu d’Henry, se réjouissant que le bébé était perdu parce que cela voulait dire qu’il ne pourrait pas constituer une menace pour ses ambitions pour sa propre famille.

Il désirait entendre Jane protester contre les mots de son père, déclarer qu’elle aurait préféré n’avoir jamais eu aucun espoir de s’asseoir sur le trône si cela voulait dire que le Roi pouvait avoir le fils vivant et l’héritier dont il avait besoin, même si la naissance d’un fils d’Anne signifiait la mort de tout espoir qu’elle aurait pu nourrir de la remplacer. Il essaya de se dire qu’il était injuste d’attendre d’une bonne fille, respectueuse et obéissante, de contredire son père comme ça, de se forcer à croire qu’il serait mécontent d’entendre Jane discuter avec Sir John si elle essayait de le contredire, mais il n’arrivait pas vraiment à se convaincre que c’était la raison pour laquelle Jane restait silencieuse.

“C’est une miséricorde que Maître Cromwell et la Reine se soient disputés et qu’il ne désire plus se rattacher à ses intérêts.” Dit une troisième personne, qu’Henry reconnu comme étant Edward Seymour, d’une voix calme, mesurée, presque dénuée d’émotion. “Tant qu’il était de son côté, il est certain qu’il aurait trouvé un moyen de protéger sa position et son pouvoir et d’encourager le Roi à penser à elle en des termes favorables à nouveau. Une fois qu’Anne a perdu son soutien, ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne dégringole.”

“Je ne comprends pas.” Dit Jane, faisant inconsciemment écho aux pensées d’Henry. “La Reine Anne a été condamnée d’adultère, mon frère, de trahison. Il est certain que même l’amitié de Maître Cromwell n’aurait pu l’aider à ce sujet; elle aurait quand même dû payer le prix de ses crimes. Maître Cromwell n’avait rien à voir avec eux, après tout.”

Le silence qui suivit fut long et embarrassant, lourd de sens et de mots non prononcés et, alors qu’il écoutait, désireux d’entendre comment Edward ou Sir John allait répondre à cela, Henry pu sentir un noeud se former dans son ventre, aussi lourd qu’une balle de plomb.

Il était vrai qu’Anne et Cromwell, qui s’étaient si bien entendus autrefois et qu’il aurait pu décrire comme alliés, s’étaient brouillés ces derniers mois. Il était conscient du fait qu’ils avaient eu des désagréments concernant les intentions de Cromwell pour les monastères mais il l’avait très peu remarqué. Anne n’était qu’une femme après tout et, même si elle était plus intelligente et bien mieux éduquée que la plupart de son sexe, on ne pouvait pas s’attendre à ce qu’elle ait la même prise qu’un homme sur les sujets politiques et les affaires d’état. La rumeur disait qu’Anne avait été particulièrement mécontente devant le fait que Cromwell avait offert de donner ses appartements à la famille Seymour, et qu’elle avait même fait des menaces contre lui – c’était absurde de sa part, si c’était vrai, puisqu’elle avait dû savoir qu’elle n’était pas en position de pouvoir proférer des menaces contre quelqu’un qui avait les faveurs d’Henry – mais est-ce qu’Edward Seymour avait raison en disant que leur dispute avait mené à la chute d’Anne?

Comme Jane l’avait dit, si Anne était coupable d’adultère et de trahison, alors peu importe qu’elle ait ou non la garantie de Cromwell, il n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne dégringole. Si leur dispute avait mené à la chute d’Anne… Henry ne voulait pas suivre cette pensée jusqu’à sa conclusion logique mais il ne pu s’en empêcher.

Une partie de lui – même une très grande partie de lui – avait envie de trouver l’un des domestiques, lui demander de faire savoir aux Seymour qu’il était là et continuer sa visite comme prévu, ignorant tout ce qu’il avait entendu, mais il ne pouvait se résoudre à faire cela.

L’arrêt de mort d’Anne était toujours posé sur son bureau à Whitehall, attendant la signature qui scellerait son destin.

S’il allait la signer, alors il ne pouvait pas se permettre d’avoir des doutes.

Le bouquet lui glissa des doigts et il n’essaya pas de le ramasser, laissant les fleurs éparpillées sur le sol en bois tandis qu’il s’éloignait, déterminée à trouver des réponses.

A suivre...
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