Je ne sais pas si parmi vous il y en a qui regardent cette série actuellement diffusée sur série club : moi si
je suis une fan de cette série policière pleine d'humour et je n'ai pas pu résister à l'envie d'écrire là-dessus en y rajoutant quelques "améliorations" de mon cru...
Une petite précision avant tout : les personnages réellement créés par les scénaristes de la série ne m'appartiennent évidemment pas. Le personnage de Meghan appartient à sa créatrice, Fan2Jess ; quant à moi, le personnage de Serena est sorti tout droit de mon imagination.
Cette fiction se passe après le dernier épisode de la série, c'est-à-dire qu'il commencerait la saison 9 s'il y en avait une. Pas d'enquête dans cette fic, juste la présentation du contexte dans lequel vont s'inscrire les fics suivantes (et oui parce que j'ai récidivé après celle-ci...).
Bonne lecture !
Chapitre 1
La plage de Malibu était déserte. Il était à peine six heures du matin et seul le bruit des vagues brisait le silence. Serena marchait sur le sable, ses pieds nus s’enfonçant doucement à chacun de ses pas. Elle aimait se retrouver ici à chaque fois qu’elle en avait l’occasion. Sa vie à New York lui laissait bien peu de possibilités d’aller marcher sur la plage… mais Malibu était l’endroit où elle avait grandi, l’endroit où elle avait vécu pendant vingt cinq ans avant que ses obligations professionnelles et personnelles ne l’obligent à s’installer à New York.
Sept ans déjà qu’elle avait plié bagage, direction la côte Est. Sept ans qu’elle avait renoncé au soleil de Californie, non par réel choix … en fait elle ne savait pas tout à fait pourquoi. Il y avait eu dans sa vie un moment où elle avait réalisé ne plus pouvoir rester en Californie. Elle avait ressenti le besoin de partir, et c’est ce qu’elle avait fait. Sa décision avait surpris tout le monde, à commencer par ses parents, et ses amis, mais personne n’avait essayé de la faire changer d’avis. Elle était trop têtue, trop volontaire, trop indépendante pour accepter la moindre concession ou le moindre conseil. Elle voulait porter seule la responsabilité de ses succès et de ses échecs.
Quitte à flanquer sa vie en l’air, elle préférait en être la seule responsable. D’ailleurs, c’est un peu ce qu’elle avait fait, mais elle ne l’avouerait pour rien au monde. Sa vie à New York n’était pas mauvaise, mais elle aurait pu être bien meilleure si seulement elle avait pu se faire de vrais amis, ou simplement apprécier le charme de la ville dans laquelle elle habitait. Tout ce qu’elle y faisait, c’est qu’elle y travaillait, douze heures par jour. Douze heures de garde dans un hôpital, à trier les patients, les orienter, les écouter, soigner les petits bobos ou les grandes souffrances… Et au bout de ces douze heures, elle rentrait chez elle, trop épuisée pour avoir une vie sociale. Dans ses moments de liberté, elle allait marcher à Central Park, ou à Times Square, ignorante de la foule autour d’elle. Ses pensées s’envolaient vers la plage de Malibu où elle aimait marcher, vers ses amis qu’elle avait laissés en Californie et avec qui elle maintenait un lien plus épistolaire que réel. Certaines saisons étaient belles à New York, comme l’automne, mais le soleil et la mer lui manquaient.
L’envie de revenir en Californie l’avait prise soudainement. Pour voir si c’était seulement de la nostalgie, ou une envie plus profonde et réelle, elle avait décidé de prendre quelques jours de vacances sur la côte ouest. Elle avait débarqué ce matin, et la première chose qu’elle avait eu envie de faire avait été d’aller sur la plage. Et c’est comme si elle renaissait.
Elle s’assit sur le sable. Le soleil caressait ses bras et ses épaules comme pour la réveiller d’un long sommeil. Quand elle était adolescente, elle venait souvent ici dès les premières lueurs du jour. Le silence et le calme de l’endroit l’apaisaient. Tout était simple quand elle réfléchissait ici. Les décisions qu’elle prenait étaient logiques, évidentes, indiscutables.
Elle sourit. En vraie Californienne, la plage faisait partie de son existence comme l’air qu’elle respirait. Elle y avait passé de longues heures, seule ou avec des amis, à parler, rire, ou simplement ne rien faire et savourer la beauté du paysage sous leurs yeux. Comment avait-elle pu décider de partir à l’autre bout du pays et laisser tout cela derrière elle ?
Le bruit rythmé de pas près d’elle la tira de sa rêverie. Elle tourna la tête et aperçut un homme qui faisait son jogging. Un homme jeune, visiblement en bonne santé, grand, musclé, assez joli garçon. Elle le regarda s’avancer dans sa direction, la saluer d’un signe de tête, la dépasser, puis, étrangement, faire demi-tour et venir s’arrêter devant elle.
- Serena ?
La jeune femme reconnut alors les yeux de cet homme. Un regard qu’elle connaissait bien.
- Steve ? C’est toi ?
Elle se leva vers l’homme en face d’elle. Il lui sourit et elle reconnut également ce sourire, un sourire affectueux et tendre, parfois moqueur, qu’elle connaissait par cœur.
- Ca fait si longtemps… dit-il. Qu’est-ce que tu fais là ?
- Vacances.
- Pour longtemps ?
- Une petite semaine… Comment vas-tu ?
- Bien. Je suis assez surpris de te trouver ici…
- J’avais envie de voir la plage, expliqua-t-elle avec un sourire. Ca me manque, à New York.
- Je peux comprendre ça.
Il avait l’air gêné. Serena se demanda pourquoi.
- Comment va ton père ?
- Mon père est médecin chef à l’hôpital général, et il va bien. Merci de demander. Et toi ?
- Ma mère est à Miami. Mon père est parti en Afrique. Ils ne se parlent plus que par avocats interposés.
- C’est triste…
- Il valait mieux qu’ils divorcent. Ils n’auraient même jamais dû se marier.
- Dans ce cas, tu ne serais jamais née.
- Ce n’aurait pas été une grande perte…
- Ne dis pas ça, Serena.
- Tu es toujours dans la police ?
- Oui. Toujours.
- Marié ?
- Toujours pas, dit-il en souriant.
- L’an dernier, tu ne m’avais pas écrit pour me dire que tu voyais quelqu’un et que c’était sérieux ?
- J’étais sérieux. Elle un peu moins.
Elle secoua la tête.
- Est-ce que tu penses que tu auras du temps pour dîner avec une vieille amie durant la semaine ?
- Bien sûr que oui. Et mon père serait ravi de te voir, tu devrais passer à la maison.
- J’y penserai.
- Il t’aime beaucoup, Serena.
- C’est réciproque. Ton père est génial.
- Pourquoi tu ne viens pas dîner ce soir ? Je passerai un coup de fil à papa pour le prévenir. Qu’est-ce que tu en penses ?
- Je serais ravie aussi.
- Ce soir, vingt heures ?
- Ce soir, vingt heures.
- Je peux te joindre comment ? Tu es dans un hôtel ?
- L’appartement de mes parents. C’est ce que j’ai récupéré au moment du divorce. Le numéro est toujours le même.
- D’accord. Je t’appelle dans l’après-midi.
Il sembla hésiter un peu puis s’avança vers Serena et l’embrassa sur la joue, mais son geste dériva et ses lèvres atterrirent sur le coin de sa bouche.
- Je suis heureux que tu sois là, Serena. Tu m’as manqué.
- Toi aussi tu m’as manqué, Steve.
- C’est dommage que tu sois partie. J’aimais bien t’avoir dans les environs.
Elle sourit.
- On ne fait pas toujours ce qu’on veut, Steve. Tu le sais bien.
- Mais tu n’étais pas obligée de partir à New York. Tu as voulu partir, c’est tout.
- On en reparlera, d’accord ?
- Oui, on en reparlera. Il faut que je te laisse, je dois aller travailler.
- C’était agréable de te voir, Steve.
- C’était agréable pour moi aussi. Tu viens à la maison ce soir ?
- Compte sur moi.
Il s’éloigna après un petit signe de la main.
Serena soupira. Steve et elle étaient amis depuis plusieurs années. En fait, leur amitié avait commencé en 1975, à l’époque où un jeune soldat nommé Steve Sloan était rentré de deux campagnes au Vietnam, endurci par la brutalité d’une guerre injuste. Serena était très jeune à cette époque-là, à peine dix ans…. Elle n’était pas en mesure de comprendre l’horreur de ce qu’il avait pu vivre. La notion qu’elle avait de la guerre se résumait à ce qu’elle voyait à la télévision : des jeunes gens qui partaient se battre dans un pays et pour un objectif dont ils ne connaissaient rien. La petite Serena regardait ce jeune homme si grave, capable de passer du rire à une expression si triste en quelques secondes.
Très vite, et contre toute attente compte tenu de leur différence d’âge, ils étaient devenues très proches et complices, même si parfois ils se chamaillaient pour des bêtises. La jeunesse de Serena, sa joie de vivre, avait contribué à ce que Steve retrouve son équilibre après l’armée. Elle avait su déconnecter ses peurs, et il s’était ouvert à elle plus qu’à n’importe qui d’autre hormis son père. Ils avaient partagé beaucoup de choses, des moments de joie et quelques moments de peine. Cela les avait encore plus rapprochés.
Au point de se marier à Las Vegas… Et de divorcer quelques mois plus tard, d’un commun accord, sans autre raison valable que celle de deux êtres profondément attachés l’un à l’autre mais incapables de vivre ensemble au quotidien.
Alors puis elle était partie. Cela n’avait rien à voir avec Steve, enfin pas tout à fait, et d’ailleurs il était la personne qui lui manquait le plus à New York. Mais elle était partie et leur amitié avait été plus ou moins en suspens, juste maintenue en vie par pas mal de cartes postales et d’e-mails. Se retrouver face à lui n’était pas prévu, mais elle ne regrettait pas. Ce n’était pas innocemment non plus qu’elle était venue sur cette plage et à cette heure de la journée. Elle savait qu’il faisait régulièrement son jogging sur la plage mais elle ignorait l’heure à laquelle il passait. Ce n’était pas une simple coïncidence si elle était tombée sur lui.
Il n’avait pas changé. Il était toujours aussi grand, charmant, musclé, joli garçon. Et toujours célibataire… Ce qui était assez incompréhensible. Elle n’avait rien oublié de leurs petits mois d’amour qui avaient pris fin peu après qu’elle soit partie à New York. La décision de s’exiler avait été imposée à Steve sans qu’il puisse donner son avis. Il avait certainement pris ce départ pour une fuite, et en cela il n’avait pas tout à fait tort.
Personne n’avait jamais su pour eux. Ils avaient vécu leur histoire avec une discrétion exemplaire, se contentant d’être aux yeux du monde extérieur des amis de longue date, et, en privé, des amants passionnés. Cette façon de se cacher avait été un petit jeu auquel ils avaient aimé jouer. Parfois, Serena avait regretté de ne pas en avoir parlé au père de Steve, qui lui vouait une affection sincère… Mais maintenant c’était du passé, une histoire oubliée, rangée dans les petits cartons de la mémoire.